Archives Mensuelles: octobre 2010

Les archives, c’est du propre !

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Indian pakora

Pakoras et autres snacks indiens. A table ! CC by-nc-nd Roboppy, 2007, source : Flickr.

Allez, j’inaugure en cet automne frisquet une nouvelle catégorie de billets « Archives pakoras«  (qu’on pourrait traduire par « beignets d’archives » ou « snacks d’archives », vous allez décidément en apprendre des choses en lisant mon blog…!). J’y fourrerai pèle-mêle trouvailles, perles, inventions, expériences originales, clins d’œil et rayons de soleil glanés sur les sites Web des services d’archives.

Et pour inaugurer cette rubrique, allez donc jeter un œil au label « Archives propres » des Archives départementales de l’Aube.

AD Aube - Triporteur

Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins... Crédits photo : AD Aube.

Outre que ces triporteurs sont juste une excellente idée, j’adore que les AD de l’Aube aient mis ce label et le lien vers cette photo en avant sur la page d’accueil de leur site. Il faut savoir ne pas toujours se prendre au sérieux.

Un archiviste n’est jamais tout à fait en vacances

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Et même dans les couloirs de la High Court de Chennai (au demeurant un bâtiment magnifique et impressionnant), mon sang d’archiviste ne fit qu’un tour en tombant sur ça :

Chennai High Court

On fait de drôles de rencontres dans les couloirs de la High Court de Chennai... Crédits photo : LB, 2010, tous droits réservés.

Chennai High Court

Salle d'archives ou débarras ? Le doute demeure... Crédits photo : LB, 2010, tous droits réservés.

Mais sans aller si loin, j’ai souvenir de tribunaux français qui ne font guère plus de cas de leurs archives… Serait-ce une composante universelle ? J’en ai froid dans le dos.

Masala dosa

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Durant les deux prochaines semaines, je ne vais plus bloguer masala mais manger masala. Eh oui. Je vous donne donc rendez-vous fin octobre pour de nouvelles aventures. En attendant, je supprime les commentaires sur ce blog, nous reprendrons dans quelques temps nos échanges passionnants.

A bientôt ! (et bon appétit quand même)

 

inde

Carte des côtes de Malabar et de Coromandel / par G. Delisle. Je vous raconterai si c'est toujours tout pareil...

 

N’en déplaise à Monsieur Ory-Lavollée…

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« Faire des sites Web avec de grosses bases de données, ce n’est pas le même métier que de gérer des archives. Les institutions sont en général plus douées pour la conservation et l’analyse scientifique que pour la diffusion, la présentation simple et pédagogique, l’ergonomie, la communication… »

(Bruno Ory-Lavollée dans le dernier numéro de la Revue française de généalogie)

Ah bon ?

Certains ont été bien plus rapides que moi à réagir à ce que l’on a pu voir comme une atteinte à nos principes professionnels (les fameux « 4C » des archivistes).

Sans même aller jusqu’à se poser la question des missions fondamentales de l’archiviste, il me semble que Monsieur Ory-Lavollée aurait pu, par simple honnêteté intellectuelle ou même juste par curiosité, aller regarder quelques sites Internet de services d’archives avant de s’exprimer de façon aussi péremptoire.

Ce qu’il y aurait trouvé aurait largement suffi à lui prouver la compétence des archivistes dans le domaine de la diffusion numérique.

Rien que les chiffres donnent le tournis…

  • 1,4 milliard de pages vues et 24 millions de visites en 2009 sur les sites Internet de ces services d’archives (ça ferait rêver plus d’une société privée, non ?).

… et ce n’est rien à côté des réalisations…

  • développement d’interfaces de consultation user-friendly

Les sites Internet des Archives départementales de l’Aisne, de l’Hérault ou encore des Ardennes (sélection purement subjective et bien trop limitée, j’en conviens) présentent un graphisme élégant et attractif, et une ergonomie de navigation aisée. Il sont juste super beaux, voilà tout.

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Consulter les registres en ligne du Bas-Rhin, un vrai plaisir ! (Archives départementales du Bas-Rhin)

Les Archives départementales du Bas-Rhin proposent une interface d’accès aux archives en ligne complètement inédite, d’une simplicité et d’un plaisir de consultation remarquables.

Quant à l’adaptation des interfaces de recherche dans les fonds d’archives aux usages du public, le projet des Archives départementales de l’Aube, retenu dans l’appel à projets culturels numériques innovants du ministère de la Culture, est à ce titre exemplaire.

  • expositions virtuelles

De très nombreux départements en proposent, j’aime bien celles des Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle, nombreuses et variées, s’il faut choisir un exemple.

  • indexation collaborative

10 services d’Archives départementales proposent des modules d’indexation, qui sont très généralement plébiscités par le public. Le dernier en date et mon préféré pour la simplicité d’interrogation et de consultation des données indexées : les Archives départementales du Cantal.

A ce jour à ma connaissance, seules les Archives municipales de Toulouse sont concernées, mais il y a d’autres projets en cours de réalisation.

  • tutoriels interactifs

Voir absolument le cours de paléographie multimédia des Archives départementales d’Indre-et-Loire.

  • serious games
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Échapperez-vous aux terribles Archiphages ? (Archives départementales de l'Aube)

De Copains de Banlieue (Archives municipales de Saint-Denis) au Mystère de la Cordelière (Archives départementales de l’Aube), les Archives ont largement fait leurs preuves dans le domaine du jeu en ligne.

  • présence sur le Web social

3 services d’Archives départementales ont une page Facebook.

5 Archives départementales, 2 Archives municipales et les Archives de France proposent des flux rss pour leurs actualités.

Sans parler de l’intéressant Blog du paléographe des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, ni de la convention de la Ville de Toulouse avec Wikimédia qui concerne en particulier les Archives municipales (et dont il a déjà été question ici).

  • participation à des portails collaboratifs destinés à diffuser gratuitement et au plus grand nombre les données culturelles

Qu’il s’agisse de portails régionaux (BnSA, GéoCulture en Limousin, etc.), nationaux (Collections), européens (Européana, APEnet).

Les Archives sont particulièrement dynamiques dans le développement de l’interopérabilité documentaire, grâce à la généralisation d’un format numérique normalisé de description archivistique, XML-EAD, et à l’usage de plus en plus courant du protocole d’échange de métadonnées OAI-PMH.

  • expérimentations en Web sémantique

Les Archives de France ont ainsi publié en XML-SKOS le Thésaurus pour la description et l’indexation des archives locales anciennes, modernes et contemporaines.

Alors, n’en déplaise à Monsieur Ory-Lavollée, les services d’archives et les archivistes sont bel et bien doués pour la diffusion numérique de leurs fonds, il suffit de juger sur pièces.

Ce qui n’exclut évidemment pas que des réalisations intéressantes puissent être faites par le secteur privé, d’ailleurs la très grande majorité des projets cités dans ce billet ont fait l’objet de prestations de sociétés privées, qui ont apporté leurs compétences techniques, graphiques, ergonomiques, etc. Mais les archivistes en étaient les prescripteurs, apportant leur connaissance des fonds d’archives et de leurs publics, ainsi qu’une compétence technique de plus en plus développée.

Il était inutile d’accuser les archivistes d’avoir la rage pour mieux les tuer. Les faits parlent d’eux-même, les archivistes prouvent ce dont ils sont capables.

chien

Nous sommes innocents, Monsieur Ory-Lavollée ! (CC-BY Death-rebirth-freedom, 2010, source : Flickr)

[Mise à jour 26/10/2010] L’Association des archivistes français a publié le 13 octobre 2010 un droit de réponse particulièrement argumenté à M. Ory-Lavollée.

Quand les institutions culturelles découvrent Wikimédia et les wikimédiens…

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L’association Wikimédia France a signé samedi dernier 2 octobre 2010 une convention de partenariat avec la ville de Toulouse, qui concerne plus particulièrement le muséum d’histoire naturelle (ce qui n’étonnera personne), mais aussi les Archives municipales.

Ce projet, l’une des premières collaborations officielles en France entre Wikimédia et des institutions culturelles, attire l’attention du milieu culturel  sur les expériences qui peuvent être ainsi réalisées, et sur les atouts que représentent les projets Wikimédia et la communauté des wikimédiens pour la numérisation et la diffusion du patrimoine.

Toulouse, la ville rose

Ça tourne bien rond dans la ville rose. T-bet, 2008, CC-BY-ND, source: Flickr.

Wikimédia ? C’est quoi ?

“Attention, Archives masala, tu as fait une faute de frappe, c’est WikiPédia, pas WikiMédia.”

Ben oui mais non.
Wikimédia France, association loi de 1901 créée en 2004, soutient les projets de la Wikimedia Foundation, dont fait partie Wikipédia, mais pas que. Il y a aussi la médiathèque Wikimédia Commons, le dictionnaire Wiktionnaire, le recueil de citations Wikiquote, la bibliothèque numérique Wikisource, etc.

Wiki

Je lit le hawaïen dans le texte, c'est la classe. Andjam79, 2007, CC-BY, source : Flickr.

Pour ceux qui se seraient égarés dans une faille spatio-temporelle pendant les 10 dernières années, Wikipédia est une encyclopédie collaborative sur le Web, fonctionnant sur le principe du wiki. Un wiki (mot hawaïen qui signifie “rapide”) est un système de gestion de contenu de site Web rendant les pages modifiables par tous. Le contenu de Wikipedia est donc vérifiable, modifiable et améliorable par tout un chacun (est-ce que ça suscite des vocations ?), et librement réutilisable. Cette semaine, le millionnième article en français a été créé. Ça le fait, non ?

Bref, revenons à nos moutons, et à Wikimédia pendant qu’on y est. Outre des activités de promotion et de communication, l’association est chargée de monter des partenariats avec des organismes ou institutions administratives ou culturelles qui peuvent fournir des contenus libres aux projets Wikimedia. Elle peut également aider à la numérisation de contenus.

wikimedia

C'est la danse des wikis.

La culture, c’est GLAM !

Autrement dit, “Galleries, Libraries, Archives, Museums”. Wikimedia s’efforce donc de développer des collaborations avec des institutions culturelles. Ces organismes conservent en effet des fonds et collections très riches, souvent libres de droits, qui peuvent enrichir le contenu de Wikipédia et être ainsi mis à disposition de tous les internautes.

Glamour, on vous le dit !

glamour

Glamour kills... et le rose bonbon aussi, un peu. (Naydeeyah, 2009, CC-BY, source : Flickr)

Un atelier Wikimedia@MW2010 s’est ainsi tenu lors de la conférence Museums & the Web 2010, pour réfléchir à l’établissement de bonnes pratiques de coopération entre Wikimédia et les musées.
Des conférences GLAM-Wiki s’efforcent de renforcer la participation du monde culturel aux projets Wikimédia, à l’échelle d’un pays : la première a eu lieu en 2009 en Australie, et la suivante se tiendra très prochainement au Royaume-Uni (26-27 novembre 2010).
Et en France, me direz-vous, chauvins que vous êtes ? Eh bien rendez-vous les 3 et 4 décembre 2010 pour les Rencontres Wikimédia organisées par Wikimédia France, sur le thème «Patrimoine culturel et web collaboratif». Que du bon en perspective…

Bon, et concrètement, ça donne quoi ?

Plusieurs expérimentations réalisées par des services d’archives, des bibliothèques, des musées explorent les possibilités de coopération avec les différents projets Wikimédia. Retour sur quelques exemples européens.

  • Le précurseur : les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv) sur Wikimedia Commons
bundesarchiv

Petit wiki deviendra grand. (Deutsches Bundesarchiv, Bild 183 1984-0202-506, CC-BY-SA, source : Wikimédia Commons)

La médiathèque Wikimedia Commons est un répertoire d’images et de fichiers multimédia libres d’utilisation, qui sert de réservoir pour l’ensemble des autres projets Wikimédia.
Depuis 2008, le Bundesarchiv a transféré sur Wikimédia Commons pas moins de 80.000 images sur l’histoire de l’Allemagne, placées sous licence Creative Commons. Il s’agit vraisemblablement du don le plus important jamais fait aux projets Wikimedia. Ces images sont ensuite réutilisées notamment pour illustrer les notices de Wikipédia.
Le Bundesarchiv promeut ainsi son image et ses fonds auprès des millions d’utilisateurs de Wikipédia.

  • Une expérience inédite du British museum : un wikipédien en résidence

Dans la concertation entre institutions culturelles et Wikimédia, le plus gros du travail semble être précisément la sensibilisation de ces institutions aux enjeux de la mise en ligne de leurs contenus sur Wikipédia.
A la suite de la conférence GLAM-Wiki australienne en 2009, le vice-président de Wikimédia Australie a conclu que le meilleur moyen de mettre en œuvre ce travail de sensibilisation pourrait bien être d’intégrer un wikipédien à l’équipe d’un musée.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisqu’il a été invité en résidence pendant 5 semaines par le British muséum en juin 2010. Bien joué !
Sa mission, puisqu’il l’a acceptée, était de créer et améliorer les articles sur Wikipédia concernant des objets ou des sujets liés aux collections et à l’expertise du musée, de soutenir les wikipédiens qui éditent des articles liés au British Museum, et de travailler avec les équipes du musée pour expliquer le fonctionnement de Wikipédia.
Des projets et animations originaux ont ainsi vu le jour, qui ont largement contribué à développer le nombre et la qualité des articles relatifs aux objets conservés au British museum : accès des wikipédiens aux réserves du musée, organisation d’un concours de notices autour d’un objet-phare, attribution de prix aux meilleures notices, etc.

Ledit wikipédien propose ici un « testament politique » de son expérience, à la fois bilan de ses réalisations et préconisations pour tout organisme qui voudrait renouveler l’exercice. Des candidats ?

  • Les bibliothèques s’y mettent ! La BnF mise sur le participatif

En avril 2010, Wikimédia France et la BnF signent un partenariat pour la mise en ligne sur Wikisource de la transcription de 1400 œuvres tombées dans le domaine public provenant de Gallica.
Wikisource, créé en 2003, propose des retranscriptions d’œuvres tombées dans le domaine public ou publiées sous licence libre.
Les textes fournis par la BnF ont été numérisés et océrisés. Toutefois, sur des textes anciens, la reconnaissance automatique des caractères introduit souvent des erreurs. Le partenariat avec Wikimédia permet aux internautes de participer à la correction des textes.

  • Et Toulouse dans tout ça ?

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Parure de l'âge du bronze. C'est coquet ! Muséum de Toulouse, CC-BY-SA, source : Wikimédia Commons.

Le 2 octobre 2010, Wikimédia France a signé un partenariat avec la ville de Toulouse, dans le cadre du festival culturel Novela.  Il s’agit de fournir un cadre officiel au développement de nombreux projets avec des institutions culturelles toulousaines.
Ainsi, des wikimédiens vont photographier un millier d’objets de la collection préhistorique dans les réserves du Museum de Toulouse, encadrés par un professionnel du musée. Ces images seront mises en ligne sur Wikimedia Commons. Les métadonnées seront rédigées par des paléontologues.
De même, les Archives municipales de Toulouse proposeront sur Wikimedia Commons environ 200 photographies issues du fonds Eugène Trutat, photographe de la fin du XIXe siècle.

Pour en savoir plus.

[mise à jour 06/10/2010] Liam Wyatt, le « wikipédien en résidence » du British Museum, est au mois d’octobre 2010 invité pour 2 semaines à la Bibliothèque nationale des Pays-Bas pour proposer des pistes de coopération entre le portail culturel européen Européana et Wikimédia. A suivre… 

[mise à jour 18/11/2010] Les Archives nationales des Pays-bas ont également établi un partenariat avec Wikimédia : plus de 1000 photographies de l’agence de presse Anefo, portant sur des personnalités politiques et des événements néerlandais, ont été déposées sur Wikimédia Commons en septembre 2010.