Il ne vous aura pas échappé, perspicaces comme vous l’êtes, que les problématiques liées au crowdsourcing, notamment dans le domaine culturel, m’intéressent particulièrement… Qu’il s’agisse d’analyser les atouts du participatif pour les institutions culturelles, la spécificité des métadonnées sociales, les nouvelles interactions avec les usagers, le management de ces projets et le « retour sur investissement », ou encore les question juridiques liées à la propriété des données, je croyais avoir fait à peu près le tout des questions soulevées par le crowdsourcing (pas le tour des réponses, évidemment, c’est bien ça qui est passionnant avec ce sujet, c’est qu’il y a beaucoup de questions sans réponses gravées dans le marbre, bref, beaucoup d’expérimentation et de réflexions encore…).
Et soudain…
… un jour sur Twitter…
… la question que je n’avais jamais véritablement envisagée :
Certes la dimension pédagogique du crowdsourcing a été largement mise en avant par Wikimédia, avec de nombreux projets impliquant des écoles, collèges, lycées et universités (les Rencontres Wikimédia France de 2012 ont ainsi été consacrées à « Education et projets Wikimédia« ), mais je n’avais jamais bouclé la boucle crowdsourcing-apprentissage-institutions culturelles…
Tout un nouvel horizon de réflexions s’ouvre maintenant à moi :
- L’apprentissage est-il un levier de motivation des participants à un projet de crowdsourcing ?
Autrement dit, est-ce que je participe dans le but d’apprendre, d’améliorer mes connaissances dans le domaine concerné ? Cela semble finalement assez évident dans des projets de sciences citoyennes, par exemple ceux de la galaxie Zooniverse (attention, si vous ne connaissez pas encore Zooniverse, vous cliquez sur ce lien à vos risques et périls, ces projets sont complètement passionnants et addictifs !) ou du Muséum d’histoire naturelle (le programme Vigie Nature invite les citoyens à participer à l’observation de la biodiversité).
Est-ce que je participe dans le but m’améliorer mes compétences techniques (par exemple de paléographie en participant à des programmes de transcription comme celui mis en place par les Archives départementales des Alpes-Maritime sur Wikisource, ou encore Ancient Lives, transcription collaborative de papyrus grecs) ?
- Est-il possible d’utiliser le crowdsourcing à des fins pédagogiques pour une institution culturelle ?
Apprendre en faisant, c’est finalement une évidence… C’était d’ailleurs manifestement dans ce sens que mon interlocuteur sur Twitter posait sa question initiale, il est même allé plus loin en faisant un parallèle entre le crowdsourcing et la pédagogie Freinet.
C’est là un champ de réflexion pour les enseignants, certes. Mais c’est aussi une question pour les institutions culturelles, qui s’attachent à développer les compétences de leurs usagers (recherche documentaire, exploitation des oeuvres ou documents conservés, connaissances culturelles, etc.). Il y a ici certainement des échanges et des projets communs à mener entre professeurs et professionnels de la culture… A suivre ?
- Quelles conséquences pour les projets de crowdsourcing ?
Je vois trois nécessités qui s’imposent aux institutions, en particulier culturelles, qui voudraient intégrer une dimension d’apprentissage dans leurs projets participatifs :
– donner aux participants la possibilité d’échanger, entre eux et/ou avec des experts, autour des questions qui se posent à eux, afin d’améliorer progressivement leurs compétences.
– donner aux participants une visibilité sur les travaux déjà effectués, par eux ou par d’autres participants, on ne peut pas apprendre « dans le vide ».
– ouvrir les droits d’utilisation et de réutilisation des documents concernés : l’appropriation est nécessaire à l’apprentissage, l’usager doit pouvoir au minimum récupérer ses contributions et les documents sur lesquelles elles portent.
Avez-vous d’autres idées pour enrichir cette liste…?
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