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#AAF2013 Un atelier collaboratif sur les archives participatives

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Le Forum des Archivistes à Angers approche à grands pas et promet de belles rencontres archivistiques et des échanges passionnants… Et vous, y assisterez-vous ?

Alors je vous propose le mercredi 20 mars un atelier collaboratif sur les archives participatives (oui, je sais, je l’ai déjà écrit dans le titre, mais on a bien le droit de se répéter, non ?).

Le pitch :

Indexation collaborative, identification et tagging de photographies, transcription de manuscrits et autres travaux collaboratifs reposant sur la contribution des internautes, les idées ne manquent pas… et les réalisations non plus puisque plus de 30 services d’archives français ont déjà sauté le pas et mis en place des projets d’archives participatives. On a pu voir de belles réussites, quelques échecs, des adaptations nécessaires, et surtout une expérience qui se construit progressivement sur des expérimentations empiriques et dispersées.

L’atelier se propose de donner la parole, pour un retour sur ces expérimentations, à quelques archivistes qui ont développé des projets collaboratifs, puis d’ouvrir le débat et les échanges sur les éléments qui constituent la clef du succès de ces projets. Deux thèmes en particulier pourront être discutés :

–          comment motiver les usagers à participer aux programmes collaboratifs afin d’atteindre une masse critique de contributeurs ?

–          comment assurer la qualité des données produites pour améliorer véritablement la description des fonds d’archives ?

Les participants à l’atelier pourront ainsi rédiger ensemble une liste de recommandations qui serait mise à la disposition de la communauté des archivistes.

Comment ça va marcher, alors ?

D’abord, on s’inscrit. On pourra être une vingtaine en tout. Si vous avez mis en place un programme collaboratif dans votre service d’archives ou si vous envisagez de le faire, cet atelier est pour vous !

Et puis on s’installe tous dans une salle et on discute, on échange sur nos réalisations et expériences en archives participatives.

On sort les ordis et les tablettes, et on fait un compte-rendu collaboratif en direct.

On n’aura pas de bière ni de pizzas, mais on l’imagine très fort.

On essaie de synthétiser les débats, et on produit un document à destination des services d’archives (et plus largement des institutions culturelles) qui auraient envie de se lancer dans l’aventure collaborative !

Alors, ça vous tente (pour vous inscrire, c’est le lien, là, juste au dessus) ?

beer

Ou alors on pourrait faire un atelier sur la bière participative ?
(CC BY-NC-SA cizauskas, source : flickr)

« Connecting people », les Archives de Vendée et le Web participatif

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Non, non, ce blog n’est pas (complètement) mort. Il est juste en hibernation profonde (on le comprend et on l’envie), avec quelques rares soubresauts de conscience.

Donc, avant de retourner dormir roulée en boule au fond de ma grotte, voici en guide de soubresaut le compte-rendu de la journée d’étude « La recherche aux archives, nouveaux outils, nouveaux publics » organisée par les Archives de la Vendée le 29 novembre dernier, que j’ai rédigé pour la lettre Archivistes ! de l’AAF (oui, je me suis réveillée assez longtemps pour publier sur ce blog, pas pour écrire un billet spécifiquement dédié, on en reparlera à la fonte des neiges…).

Marmotte

Bon, ben c'est pas tout, ça, mais après tous ces efforts je vais peut-être retourner me coucher, moi... (CC BY-NC-SA A. Fauth, source : Flickr)

A l’occasion de l’inauguration de nouveaux outils innovants en ligne, les Archives de Vendée ont réuni les archivistes et leurs usagers pour une journée d’étude « La recherche aux archives, nouveaux outils, nouveaux publics » : se sont ainsi rencontrés les professionnels qui collectent et classent les documents pour les diffuser, les contributeurs bénévoles qui participent à leur description, et les chercheurs qui les utilisent pour écrire l’histoire locale. L’amphithéâtre accueillait pas moins de 400 personnes, tandis que les absents pouvaient suivre en direct les débats grâce au « live tweet » de quelques participants connectés.

Comme le rappelle en préambule M. Thierry Heckmann, directeur des Archives de Vendée, les relations entre les archives et leurs publics subissent une profonde mutation à l’heure du numérique. Si Internet multiplie la visibilité des archives et facilite le travail en réseau, les Archives doivent s’adapter aux usages du public internaute pour offrir de nouveaux services. Et il ne faut pas hésiter à remettre en cause certaines pratiques archivistiques traditionnelles, qui doivent elles aussi s’adapter aux usages du Web. Une description plus fine des contenus est désormais adaptée à la diffusion de documents numérisés et à l’indexation par les moteurs de recherche : il est donc temps de réhabiliter l’inventaire à la pièce, tout en développant les pratiques automatisées d’OCR (reconnaissance optique des caractères) qui permettent une indexation et une recherche en plein texte. Des inventaires détaillés et des textes interrogeables par les moteurs de recherche faciliteront le travail des chercheurs et augmenteront la notoriété des archives sur le Web.

La matinée s’ouvre par deux tables rondes, autour des recherches sur les personnes et des recherches sur les territoires, destinées à présenter les nouveaux outils proposés par les Archives de Vendée, leur constitution et leur enrichissement collaboratif, ainsi que leurs usages. Elles confrontent les points de vue des archivistes, des contributeurs, mais aussi des usagers et utilisateurs de ces outils.

Les Archives de Vendée ont en effet initié depuis quelques années les travaux qui aboutissent aujourd’hui à la mise en ligne d’un ensemble remarquable d’outils de diffusion innovants et collaboratifs :

  • Noms de Vendée : cette base de données de relevés nominatifs (issus de l’état civil, d’actes notariés, etc.), fondée sur une collaboration originale entre un généalogiste créateur et administrateur de la base, des contributeurs (historiens, généalogistes), et les Archives départementales, fournit l’accès à 1,5 millions de noms.
  • Trois dictionnaires collaboratifs, le dictionnaire des Vendéens, le dictionnaire historique des communes, le dictionnaire des toponymes, proposent des notices très riches et structurées sur l’histoire locale, assorties d’interfaces de recherche dynamiques, en particulier cartographiques. Ces dictionnaires ont pu être constitués grâce à l’apport de contributions massives de chercheurs, et s’enrichiront des apports et dépouillements d’une communauté de contributeurs, en particulier en lien avec les campagnes de numérisation et de mise en ligne de fonds d’archives.
  • Le L@boratoire des internautes est un outil beaucoup moins structuré que les précédents, dont la souplesse permet précisément des échanges plus libres avec les usagers, et des propositions de participation beaucoup plus variées : identification de photographies ou de personnes, éphéméride collaboratif, travaux scientifiques en réseaux (par exemple constitution d’un guide des sources sur la guerre de Vendée), etc. Le L@boratoire est destiné à enrichir les autres outils, les inventaires, la description des archives numérisées, en fédérant une communauté de contributeurs assidus ou occasionnels.

Un effort particulier est en effet réalisé pour intégrer tous ces nouveaux outils dans une véritable plateforme constituée par l’ensemble de l’offre numérique des Archives de Vendée : les dictionnaires s’appuient sur le dépouillement des inventaires et archives en ligne auxquels ils font systématiquement référence, et ils se répondent et se citent entre eux autant que possible. La multiplication des outils répond aux multiples besoins et usages des publics, sans conduire à une fragmentation mais plutôt à un cercle vertueux qui appuie la recherche historique sur les ressources archivistiques.

L’alimentation collaborative de ces outils pose bien entendu la question de la qualité et de la vérification des données. Les enrichissements sont donc réalisés sous le contrôle d’un comité qui veille à leur qualité, et en particulier à la mention systématique des sources. Les contributeurs réguliers sont encadrés et conseillés. Et en fin de compte, le contrôle lui-même est collaboratif, puisque chacun peut signaler les erreurs qu’il est amené à constater.

Les tables rondes font également la part belle aux contributeurs et utilisateurs de ces outils, afin d’incarner leurs usages et de donner vie à leurs contenus. L’intervention de Maïwenn Bourdic revient en particulier sur l’évolution des pratiques des généalogistes sur Internet, qui éclairent les besoins et usages de ce public. Internet a permis la diffusion massive de données généalogiques, que ce soit par les particuliers, les associations ou les services d’archives, mais il a aussi donné une ampleur exceptionnelle à une pratique ancienne des généalogistes : l’entraide. Finalement, cette entraide généalogique est peut-être la matrice de la participation massive de ces publics aux entreprises collaboratives initiées par les services d’archives, qui s’attachent de la même façon à favoriser les échanges, la diffusion des données, l’implication dans l’ouverture des archives au plus grand nombre.

Les différentes conclusions de la matinée permettent ensuite de replacer ces projets collaboratifs dans leur contexte archivistique, numérique, administratif et politique.

En effet, même si les réalisations des Archives de Vendée restent largement innovantes, surtout en France, elles s’inscrivent dans le mouvement plus vaste de la culture participative, et plus particulièrement des « Archives participatives ». Les projets de diffusion patrimoniale s’appuient de plus en plus sur une interaction avec les usagers, que ce soit sur les sites des institutions elles-mêmes ou via les médias sociaux ; les archives doivent s’inscrire dans cet écosystème où l’interaction est la norme.

Au-delà d’échanges et de contributions plus ou moins superficiels, les Archives peuvent ainsi  aller jusqu’à susciter une « participation » des usagers, au sens où la définit l’archiviste américaine Kate Theimer, c’est-à-dire la mise en œuvre de véritables compétences et connaissances des usagers, une interaction de haut niveau, de caractère scientifique. Il peut s’agir d’une contribution des usagers à la description des contenus, à l’amélioration de l’accès (tagging, indexation collaborative, identification de photographies, etc.), voire d’une véritable co-construction, via un apport de contenus scientifiques ou de matériaux patrimoniaux par les usagers (transcriptions collaboratives des contenus, travaux de recherche scientifique mis en valeur sur Wikipédia ou sur des sites dédiés, enrichissement des collections par intégration d’archives personnelles, etc.). Les outils collaboratifs des Archives de Vendée sont au croisement de ces deux niveaux de participation avancée des usagers.

Le directeur chargé des Archives de France, M. Hervé Lemoine, souligne ainsi la nécessité pour les services d’archives de passer d’une politique de l’offre à une politique de la demande, de s’interroger sur les véritables besoins de leurs publics. Afin de donner une indispensable dimension nationale à la politique de diffusion sur le Web des archives, il appelle à la constitution d’un portail national, point d’accès unique aux collections archivistiques françaises, qui serait un outil de reconnaissance et de visibilité pour l’ensemble des services d’archives.

Les tables rondes de l’après-midi s’attachent à présenter les ressources mises en ligne par les Archives de Vendée et leurs utilisations par les historiens qui donnent un contrepoint passionnant et une justification évidente au travail des archivistes.

La qualité et la diversité des recherches historiques sur les documents vendéens sont particulièrement soutenues par le soin apporté à la description des fonds numérisés. Un inventaire pièce à pièce, parfois assorti d’un OCR des documents textuels, permet en effet une indexation fine des contenus, et une optimisation du moteur de recherche.

Par ailleurs, les Archives de Vendée ont pu bénéficier d’un partenariat original avec le Service historique de la Défense, qui a abouti au classement, à la numérisation et finalement à la diffusion sur le site Web des Archives de Vendée d’un ensemble remarquable de pièces relatives à la guerre de Vendée et conservées au SHD à Vincennes. Le site vendéen peut ainsi devenir un véritable portail des sources sur l’histoire de la Vendée où qu’elles soient conservées.

Les pratiques collaboratives ne sont alors plus seulement le fait des historiens et généalogistes, mais aussi des services d’archives entre eux-mêmes, grâce auxquels le partage et la dissémination des documents profitent au plus grand nombre.

Wiki-archivistes, unissez-vous !

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Un Wikiconcours c’est, comme son nom l’indique, un concours organisé par Wikipédia. Mais encore ? Des équipes de 1 à 5 personnes s’engagent à créer ou développer des articles sur Wikipédia, généralement sur un thème précis (par exemple, les 3 équipes lauréates du dernier Wikiconcours se sont attelées à des sujets tout à fait passionnants, si, si : « Races animales », « Alpes de Haute-Provence » et « Gares d’Île-de-France », rien que ça). Et ensuite, que le meilleur gagne…

Or, figurez-vous qu’il y a donc un tout nouveau Wikiconcours organisé du 15 septembre au 14 novembre 2011…!

– Non ?

– Si !

– Quelle coïncidence !

– N’est-ce pas !

Bref, quand vous vous en serez remis(e), vous pourrez cliquer ici pour toutes les infos nécessaires.

Oui, mais bon, et les archivistes dans tout ça, me direz-vous ?

On ne peut pas dire que les articles concernant les archives et archivistes soient particulièrement nombreux ou complets sur Wikipédia… Et ils sont très centrés sur le contexte anglo-saxon. Donc, bref, il y a du boulot pour améliorer tout ça, et le Wikiconcours est une bonne occasion de se lancer, non ? De contribuer à l’amélioration de la connaissance des archives par le grand public et les professionnels de l’information. De découvrir de l’intérieur cette incroyable encyclopédie collaborative qu’est Wikipédia. Et peut-être d’avoir envie d’aller plus loin, de monter de véritables projets entre services d’archives et Wikimédia ?

C’est pourquoi le groupe de travail « Archives et médias sociaux » de l’AAF vient de lancer un appel à la communauté archivistique « Wikiconcours : archivistes, contribuez !«  et propose la constitution d’équipes d’archivistes pour participer au Wikiconcours.

Alors, vous rêvez de développer l’article sur le respect des fonds ou de créer -enfin !- un article de fond sur les archivobus, n’hésitez plus, le Wikiconcours est pour vous ! Rejoignez l’archivo-wiki-team !

equipe

Ah, le travail d'équipe, il n'y a que ça de vrai... Bon, après, les rayures, c'est pas forcé, non plus... (BnF, Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6924113m)

Archiveilleurs invisibles

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Le travail de l’ombre est peut-être le plus beau, mais il n’est pas forcément le plus utile pour les gens qui ne se sont pas fait greffer de lunettes infra-rouge. Et il y en a beaucoup, aussi étonnant que cela puisse paraître.

[Quoi ? Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? C’est ki ki travaille dans l’ombre ? Et avec des lunettes 3D ça ne marche pas ?]

Bon, OK, manifestement il faut que je m’explique. Depuis quelques semaines, suite à des modifications de l’outil qui compile et génère le fil des Archiveilleurs (Yahoo! Pipes), les ressources signalées par un certain nombre d’Archiveilleurs (tous ceux qui utilisent Delicious comme outil de veille partagée, en fait) n’apparaissent plus dans le flux. Et ça concerne quand même 8,5 Archiveilleurs sur 12 (à vous de trouver le 1/2).

Invisible Jim

Après Invisible Jim, voici le nouveau super héros, Invisible Archiveilleur...! He's back, and he's angry ! CC-BY-NC-ND chrisjohnbeckett, source Flickr.

Bon, on a bien entendu aussitôt appelé au secours notre grand maître des tuyaux, le Vénérable Lully. Le verdict fut sans appel :

Depuis, on n’a plus de nouvelles de lui (ou si peu). Je l’imagine armé d’une clef à molette et d’un marteau (je suis sûre qu’il ne se tape pas sur les doigts avec, lui), plongé jusqu’à la taille dans les tuyaux, couvert de cambouis et de sueur, borborygmant « C’est eux ou moi! ».

Bref, pour le moment, on veille pour des cacahouètes. Et encore, ça vaudrait le coup de bosser pour des cacahouètes, c’est bon les cacahouètes. Non, là, on veille, on réveille, on archiveille, et personne n’en profite. Ou presque. Pour la plupart d’entre nous, les Archiveilleurs ne sont qu’un moyen parmi d’autres (Delicious, Twitter ou encore Facebook) de partager notre veille. Mais il n’empêche que, pour beaucoup d’entre vous, nous sommes devenus invisibles.

Alors, en attendant que notre Grand manitou des tuyaux ne parvienne à colmater la brèche, je vais essayer de compiler sur ce blog les ressources que je veille, celles que je destinais aux Archiveilleurs et donc à la communauté archivistique.  Pour cesser d’être invisible, ce qui finit souvent mal (quoi que, c’était plutôt chouette, je pouvais gober des cacahouètes en douce sans me faire choper, mais bon, bref).

Mon archiveille du 15 mars au 7 avril 2011

(en commençant par les ressources les plus récentes et en remontant dans le temps)

Réutilisation des données publiques, open data

Web participatif, usages innovants

Web de données, Web sémantique

Politique culturelle

Quel Twittarchiviste êtes-vous ?

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twitter

Il y en a qui ne décrochent vraiment JAMAIS...! CC-BY Rosaura Ochoa, source : Flickr.

Occasionnel ou accro ? Veilleur muet ? Social-exhibitionniste ? Voyeur discret ? Incorrigible bavard ?

Une vague d’archivistes déferle sur Twitter depuis quelques mois. A marquer d’une pierre blanche, l’année 2010 restera dans les annales comme celle où les archivistes francophones ont enfin découvert Twitter. Prosélytisme acharné des Archiveilleurs ? Suites de Follow an Archive Day ? Motivation chocolatomane et apéritive de Archives Online ? Effet boule de neige ? Les causes sont sans doute multiples mais les faits sont là, archivistes et services d’archives colonisent progressivement Twitter…

Mais pourquoi ?

Mais pour quoi ?

Mais comment ?

Mais quand ?

Twittarchivistes, dites-moi, dites à la communauté archivistique, ce que Twitter représente pour vous ? A quoi vous sert-il ? Qu’y trouvez-vous ? Comment y êtes-vous arrivés ? Pourquoi y êtes-vous restés ? Bref, quel twittarchiviste êtes-vous ?

Mais attention,  dites-le sur Twitter, dites-le en 140 signes !

Et n’oubliez pas le hashtag #twittarchiviste.

Je me lance la première :

birdhouses

Ça gazouille de tous les côtés... CC-BY-SA See-ming Lee, source : Flickr

Portrait de l’artiste en archiviste

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Le duo hyperactif Archives Online s’efforce une fois encore de réveiller l’archivoblogosophère. Après leur défi aux archivoblogueurs, voici un concours (je m’inquiète de leur prochaine idée… deux archivistes… un ring… Cauchards contre Dimabs…?).

« Pour participer, il faut poster sur son blog une image, prise par soi-même ou trouvée ailleurs, qui illustre le métier d’archiviste et/ou ses évolutions. Cela peut être une composition originale de votre part, un objet, une métaphore … La photo devra être accompagnée d’un petit texte de présentation. »

Pour ceux qui connaissent l’étendue de mes (in)compétences artistiques (“très joli ton dessin de marmotte… ah bon, c’est un cheval ?”), vous imaginez qu’il s’agit là d’un challenge quasi-insurmontable. Mais bon, il semble que je n’aie guère le choix, une très très légère pression s’exerçant sur moi…

Sans compter que je suis assez motivée par la récompense à la clef (oui, je sais, je suis vénale)…

Donc, bref, voici ma copie.

Archivocook

Portrait de l'artiste en archiviste, 2010.

Ingrédients
– un archiviste bien frais
– archives du jardin
24 millions d’usagers

Le cuisinier L’archiviste mitonne de délicieuses archives pour les mettre au goût des usagers. Il doit avant tout être un médiateur. Médiateur entre la matière première brute que sont le document d’archives et l’information qu’il contient d’une part, le public peu au fait des subtilités de l’organisation administrative et de la description archivistique de l’autre. Médiateur entre les impératifs administratifs et juridiques de la conservation pérenne des archives d’une part, le désintérêt des prescripteurs de l’autre.
Le cuisinier L’archiviste connaît les goûts et les habitudes de ses convives et sait s’y adapter. Il maîtrise parfaitement ses ingrédients, leur dosage, leurs combinaisons afin que chacun garde son identité, sa richesse, sa saveur, dans la composition finale. Il sait surprendre les palais les plus fins et éduquer les bouches les plus grossières.

Tous différents ! Archives et musées face à la diffusion numérique

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Je me sens moins seule.

Je suis intervenue la semaine dernière dans un stage organisé par la direction générale des Patrimoines, et consacré à “Sites Internet des musées : nouveaux formats, nouveaux usages”. C’était en réalité davantage une sorte de séminaire où les différents intervenants et stagiaires ont pu très largement échanger sur leurs expériences de diffusion et de médiation culturelle et scientifique, tout particulièrement sur les réseaux sociaux.

Quel bonheur de pouvoir discuter avec des gens qui ne tremblent pas d’horreur quand on parle de modélisation 3D, de podcasts, d’interopérabilité (même si je pense en avoir perdu quelques uns quand j’ai commencé à parler de XML et de DTD, je ne sais pas toujours m’arrêter à temps, et encore je me suis mordu la langue plusieurs fois pour éviter de prononcer le mot “sérendipité”) !

Et puis il y avait la moitié de Twitter, dans cette salle…!

Café & croissants

Alors ça, c'est LE gros avantage de la sociabilité réelle sur la sociabilité virtuelle... CC-BY-NC-SA, vincen-t, source : Flickr.

Mais je sens que vous allez me demander ce que j’allais faire dans ce stage, moi l’archiviste perdue au milieu des médiateurs de musées… Certes il y avait du café et des viennoiseries, mais cela ne suffit pas (complètement) à expliquer ma présence.

On m’avait demandé de présenter les réalisations du réseau des services publics d’archives sur Internet, pour apporter un contrepoint, un élément de comparaison et de confrontation avec la situation des musées. Je me suis donc appliquée à montrer ce que nous faisons et que les autres ne font pas. Et surtout à me demander pourquoi. Exercice intéressant, qui revient à questionner des éléments et des situations que l’on tient pour acquis.
J’avais identifié trois pistes de réflexion :

  • le réseau des Archives de France : une grande couverture géographique, des actions concertées et interopérables. Permet le développement de bases de données communes et la participation aisée aux grands portails et méta-moteurs patrimoniaux.
  • la matière première : des archives abondantes, beaucoup de documents sériels très adaptés à la numérisation et à la mise en ligne. Permet la mise en ligne d’une masse impressionnante de documents, de nature très variée.
  • le public : tout particulièrement des généalogistes nombreux, spontanément très intéressés par nos fonds, et férus de technologies numériques. Permet une fréquentation massive des sites Internet d’archives, qui justifie les projets et investissements, et le développement d’outils et services spécifiques qui ne fonctionneraient pas sans le soutien de ce public (indexation collaborative en particulier).

Les débats et échanges qui ont émaillé les deux jours du stage m’ont permis d’identifier d’autres axes de réflexion sur la spécificité des archives sur le Web, que je n’avais jamais véritablement formulés jusqu’à ce jour :

  • les archivistes et conservateurs d’archives sont très sensibilisés aux questions de diffusion et tout particulièrement de diffusion numérique. Chefs d’établissement ou chefs de service, ce sont eux qui portent ces projets, dans leurs dimensions scientifique, communicationnelle et largement technique. Dans les musées, les services chargés de la valorisation des collections sont complètement séparés des services chargés de la conservation : les conservateurs sortent peu de leur mission scientifique, et la diffusion numérique se centre souvent sur l’événementiel et la communication (d’où un investissement des réseaux sociaux et une forte présence sur le Web mobile, par exemple), au détriment de la diffusion des collections (bases de données, images numérisées, etc.).
  • l’objectif même de la diffusion numérique n’est pas le même dans les musées et les archives. Les archives s’efforcent de développer la fréquentation de leurs sites Web en fournissant toujours davantage de ressources en ligne. Si les internautes se déplacent ensuite dans nos établissements (salles de lecture ou animations culturelles), tant mieux, mais ce n’est pas le but premier de la création de nos sites Web. En revanche, dans les musées, l’objectif est presque uniquement de faire venir les gens physiquement dans leurs bâtiments. Au point qu’ils refusent de nommer “visiteur” le visiteur virtuel. Au point qu’ils limitent souvent la mise en ligne d’images numérisées en trop grand nombre, de peur de perdre leur public physique. Cela les conduit à mettre en place des services innovants tout-à-fait intéressants, applications iPhone de visite, organisation de soirées Facebook, etc., mais cela limite grandement leur volonté de fournir une véritable médiation scientifique en ligne.

Voilà pourquoi archives et musées font différemment. Pas mieux ou moins bien. Nous utilisons tous la diffusion numérique pour toucher un public plus vaste, plus éloigné, pour communiquer sur nos établissements et sur nos collections, mais nous utilisons des outils différents.

Et c’est peut-être en formulant ces différences, et donc les limites -jusque là inconscientes- que nous nous imposons, que nous parviendrons à les dépasser et à développer nos compétences sur d’autres usages et services du Web.

Web 2.0 et archives : savoir perdre le contrôle

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Web 2.0

Méditons un instant sur cette vérité profonde. Ommmmm.... CC-BY-NC-ND Daniel F. Pigatto, source : Flickr.

Voici une présentation fort intéressante de Jane Stevenson (qui fait partie de l’équipe du portail d’archives britannique Archives Hub) sur l’utilisation du Web 2.0 par les services d’archives, « The impact of Web 2.0 on archives« .

Bon, je n’aime pas trop l’expression Web 2.0, trop marketing et faussement geek, je lui préfère « Web participatif », qui est plus intuitivement compréhensible. Mais à part ça, rien à redire à cette excellente présentation, qui ne cache rien des enjeux et risques de ces technologies et usages, tout en parvenant à diffuser un enthousiasme contagieux (d’aucuns diront que j’étais déjà contaminée… certes, j’avoue).

Je trouve particulièrement intéressante la partie intitulée « Letting go« , qui répond aux inquiétudes de la plupart des archivistes (oui, les archivistes sont des control freaks, il faut l’assumer pour avoir une chance d’en guérir…).  Pour tirer tout le bénéfice du Web participatif et des apports des usagers (aide à la description des documents, ajouts d’archives personnelles, commentaires et échanges, etc.), il faut apprendre à perdre le contrôle (de façon raisonnable et encadrée, bien entendu), tant sur les contenus et descriptions réalisés par les internautes que sur les informations qu’ils peuvent échanger entre eux dans les espaces mis à leur disposition.

Les retombées en termes de fréquentation, de valeur ajoutée, d’échanges, de réputation valent largement le coup.

Alors, apprenons à laisser aller, à laisser faire, à laisser filer. Nous avons plus à y gagner qu’à y perdre.

Un archiviste n’est jamais tout à fait en vacances

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Et même dans les couloirs de la High Court de Chennai (au demeurant un bâtiment magnifique et impressionnant), mon sang d’archiviste ne fit qu’un tour en tombant sur ça :

Chennai High Court

On fait de drôles de rencontres dans les couloirs de la High Court de Chennai... Crédits photo : LB, 2010, tous droits réservés.

Chennai High Court

Salle d'archives ou débarras ? Le doute demeure... Crédits photo : LB, 2010, tous droits réservés.

Mais sans aller si loin, j’ai souvenir de tribunaux français qui ne font guère plus de cas de leurs archives… Serait-ce une composante universelle ? J’en ai froid dans le dos.

N’en déplaise à Monsieur Ory-Lavollée…

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« Faire des sites Web avec de grosses bases de données, ce n’est pas le même métier que de gérer des archives. Les institutions sont en général plus douées pour la conservation et l’analyse scientifique que pour la diffusion, la présentation simple et pédagogique, l’ergonomie, la communication… »

(Bruno Ory-Lavollée dans le dernier numéro de la Revue française de généalogie)

Ah bon ?

Certains ont été bien plus rapides que moi à réagir à ce que l’on a pu voir comme une atteinte à nos principes professionnels (les fameux « 4C » des archivistes).

Sans même aller jusqu’à se poser la question des missions fondamentales de l’archiviste, il me semble que Monsieur Ory-Lavollée aurait pu, par simple honnêteté intellectuelle ou même juste par curiosité, aller regarder quelques sites Internet de services d’archives avant de s’exprimer de façon aussi péremptoire.

Ce qu’il y aurait trouvé aurait largement suffi à lui prouver la compétence des archivistes dans le domaine de la diffusion numérique.

Rien que les chiffres donnent le tournis…

  • 1,4 milliard de pages vues et 24 millions de visites en 2009 sur les sites Internet de ces services d’archives (ça ferait rêver plus d’une société privée, non ?).

… et ce n’est rien à côté des réalisations…

  • développement d’interfaces de consultation user-friendly

Les sites Internet des Archives départementales de l’Aisne, de l’Hérault ou encore des Ardennes (sélection purement subjective et bien trop limitée, j’en conviens) présentent un graphisme élégant et attractif, et une ergonomie de navigation aisée. Il sont juste super beaux, voilà tout.

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Consulter les registres en ligne du Bas-Rhin, un vrai plaisir ! (Archives départementales du Bas-Rhin)

Les Archives départementales du Bas-Rhin proposent une interface d’accès aux archives en ligne complètement inédite, d’une simplicité et d’un plaisir de consultation remarquables.

Quant à l’adaptation des interfaces de recherche dans les fonds d’archives aux usages du public, le projet des Archives départementales de l’Aube, retenu dans l’appel à projets culturels numériques innovants du ministère de la Culture, est à ce titre exemplaire.

  • expositions virtuelles

De très nombreux départements en proposent, j’aime bien celles des Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle, nombreuses et variées, s’il faut choisir un exemple.

  • indexation collaborative

10 services d’Archives départementales proposent des modules d’indexation, qui sont très généralement plébiscités par le public. Le dernier en date et mon préféré pour la simplicité d’interrogation et de consultation des données indexées : les Archives départementales du Cantal.

A ce jour à ma connaissance, seules les Archives municipales de Toulouse sont concernées, mais il y a d’autres projets en cours de réalisation.

  • tutoriels interactifs

Voir absolument le cours de paléographie multimédia des Archives départementales d’Indre-et-Loire.

  • serious games
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Échapperez-vous aux terribles Archiphages ? (Archives départementales de l'Aube)

De Copains de Banlieue (Archives municipales de Saint-Denis) au Mystère de la Cordelière (Archives départementales de l’Aube), les Archives ont largement fait leurs preuves dans le domaine du jeu en ligne.

  • présence sur le Web social

3 services d’Archives départementales ont une page Facebook.

5 Archives départementales, 2 Archives municipales et les Archives de France proposent des flux rss pour leurs actualités.

Sans parler de l’intéressant Blog du paléographe des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, ni de la convention de la Ville de Toulouse avec Wikimédia qui concerne en particulier les Archives municipales (et dont il a déjà été question ici).

  • participation à des portails collaboratifs destinés à diffuser gratuitement et au plus grand nombre les données culturelles

Qu’il s’agisse de portails régionaux (BnSA, GéoCulture en Limousin, etc.), nationaux (Collections), européens (Européana, APEnet).

Les Archives sont particulièrement dynamiques dans le développement de l’interopérabilité documentaire, grâce à la généralisation d’un format numérique normalisé de description archivistique, XML-EAD, et à l’usage de plus en plus courant du protocole d’échange de métadonnées OAI-PMH.

  • expérimentations en Web sémantique

Les Archives de France ont ainsi publié en XML-SKOS le Thésaurus pour la description et l’indexation des archives locales anciennes, modernes et contemporaines.

Alors, n’en déplaise à Monsieur Ory-Lavollée, les services d’archives et les archivistes sont bel et bien doués pour la diffusion numérique de leurs fonds, il suffit de juger sur pièces.

Ce qui n’exclut évidemment pas que des réalisations intéressantes puissent être faites par le secteur privé, d’ailleurs la très grande majorité des projets cités dans ce billet ont fait l’objet de prestations de sociétés privées, qui ont apporté leurs compétences techniques, graphiques, ergonomiques, etc. Mais les archivistes en étaient les prescripteurs, apportant leur connaissance des fonds d’archives et de leurs publics, ainsi qu’une compétence technique de plus en plus développée.

Il était inutile d’accuser les archivistes d’avoir la rage pour mieux les tuer. Les faits parlent d’eux-même, les archivistes prouvent ce dont ils sont capables.

chien

Nous sommes innocents, Monsieur Ory-Lavollée ! (CC-BY Death-rebirth-freedom, 2010, source : Flickr)

[Mise à jour 26/10/2010] L’Association des archivistes français a publié le 13 octobre 2010 un droit de réponse particulièrement argumenté à M. Ory-Lavollée.