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Bibliothèques, catalogues et crowdsourcing

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Je suis intervenue le 6 octobre dernier dans le stage ENSSIB de formation continue « Les évolutions des catalogues », pour parler de mon sujet favori… vous l’aurez deviné… non, pas la bière… non, pas non plus la cuisine indienne… le crowdsourcing ! (bon, OK, mon 3e sujet favori, alors)

Associer crowdsourcing et catalogues n’est pas si évident. En effet, les projets de crowdsourcing s’appliquent généralement sur des collections numérisées (il est plus simple de participer à la description d’un document quand on l’a sous les yeux). Mais les métadonnées sociales répondent à de nouveaux besoins de recherche des usagers (indexation en langage naturel, recherche plein texte, granularité de description plus fine) et permettent d’offrir de nouveaux services dont il est tout à fait pertinent de faire bénéficier le catalogue de la bibliothèque, celui-ci restant au cœur du signalement des collections.

Métadonnées produites par les usagers et métadonnées issues du travail de catalogage des professionnels de bibliothèques ne sont pas concurrentes, mais complémentaires pour répondre à l’ensemble des besoins, et le catalogue doit être par essence le lieu de leur rencontre. Mais cela ouvre de nombreuses questions. Comment assurer la qualité de ces métadonnées sociales pour qu’elles améliorent réellement la recherche et l’accès aux document ? Comment assurer la coexistence dans les catalogues de métadonnées d’origines différentes (produites par les bibliothécaires et par les usagers, mais aussi récupérées des éditeurs, dérivées d’autres bibliothèques, tirées via les liens du web de données, etc.) ? Comment intégrer le crowdsourcing dans les processus de production de métadonnées (et plus seulement dans des projets expérimentaux extérieurs au catalogue) ?

 

 

 

« Production participative »

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Eh oui, c’est désormais l’expression française officielle pour « crowdsourcing« , publiée le 5 août dernier au Journal officiel… Je trouve la traduction plutôt pertinente, et cela valide des déclinaisons d’ores et déjà utilisées, comme « web participatif » ou « archives participatives« .

Regardons plus en détail l’avis concerné:

production participative
Domaine : Tous domaines.
Définition : Mode de réalisation d’un projet ou d’un produit faisant appel aux contributions d’un grand nombre de personnes, généralement des internautes.
Note :
1. On peut, par exemple, recourir à la production participative pour concevoir un logiciel ou pour élaborer une encyclopédie.
2. On trouve aussi l’expression « production collaborative ».
Équivalent étranger : crowdsourcing.

On voit bien qu’ils ont hésité entre « participatif » et « collaboratif », et c’est là la limite de ce choix sémantique : les deux termes n’ont en réalité pas exactement le même sens. On désigne plutôt par « collaboratif » des projets dont les contributeurs sont aussi les concepteurs et les bénéficiaires (c’est le modèle des projets Wikimedia) ; tandis que « participatif » désigne des projets initiés par un organisme qui encourage ses utilisateurs à y contribuer : c’est le modèle des projets de crowdsoucing initiés par des institutions culturelles mais aussi plus largement des sciences citoyennes (que l’on appelle d’ailleurs aussi sciences participatives).

Alors, « production participative » ou « production collaborative » ? Eh bien, ça dépend, ça dépasse, forcément…

CC BY-NC-SA Lou Schwartz, source : Flickr

[Veille] Crowdsourcing et digital humanities : le projet Digital Mellini

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Peccadille nous signale sur son carnet de recherche Isidore et Ganesh (j’adore le titre, ça va sans dire) un projet du Getty Research Institute destiné à fournir aux chercheurs un outil de travail collaboratif (édition de texte et annotation) autour de la publication de l’inventaire de la collection romaine de la famille Mellini.

Je vous laisse lire la longue et passionnante analyse de Peccadille, qui pointe à juste titre l’intérêt d’un tel projet :

  • utilisation des outils numériques pour permettre le travail collaboratif des chercheurs
  • création d’une interface de crowdsourcing agréable et intuitive, à la fois pour le travail en commun et pour les échanges entre contributeurs
  • utilisation d’outils open source et d’un format d’édition normalisé (TEI)

Pour ma part, ce qui me semble le plus notable par rapport à d’autres projets similaires (par exemple le remarquable – et européen – Monasterium) :

  • l’initiative vient de l’institution de conservation elle-même, en collaboration avec les chercheurs : on voit ici tout l’intérêt des digital humanities pour les bibliothèques, musées, services d’archives, etc. Qu’est-ce qu’on attend pour travailler de façon plus étroite avec ces chercheurs ?
  • l’interaction entre les contributeurs est au cœur du processus de transcription et surtout de validation. C’est clairement l’un des manques avérés de la plupart des projets de crowdsourcing dans le domaine patrimonial, comme on a pu le noter dans l’Etat de l’art réalisé l’an dernier à la BnF : dans la plupart des cas l’interaction (échanges, discussion, demande d’avis ou de conseil, confrontation de points de vue, etc.) est impossible, et quand elle l’est c’est dans un espace séparé de l’interface d’annotation (forum, FAQ) ce qui en rend l’utilisation fastidieuse et donc rare. Le projet Correct auquel j’ai la chance de participer fait ce même pari de l’interaction entre correcteurs comme levier de la participation, dans ce cas en s’appuyant sur un réseau social dédié. A suivre…