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Les bibliothèques dans l’écosystème du web

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Pour la deuxième année, j’ai la chance et l’honneur d’intervenir dans le stage CNFPT Biblioquest sur les impacts stratégiques du numérique en bibliothèque.

Biblioquest, la quête épique des bibliochevaliers sans peur et sans reproche…
(CC BY-NC-SA Dunechaser, source Flickr)

Pour le premier épisode de la nouvelle saison de Biblioquest, 13 stagiaires triés sur le volet et 3 formateurs dynamiques… et une plongée dans l’écosystème du web, pour comprendre le contexte technique et d’usages dans lequel s’exerce la présence en ligne et la médiation numérique des institutions culturelles.

Alors, quelles sont les grandes tendances et les grands enjeux du web, aujoud’hui et demain, et surtout quelles conséquences pour les bibliothèques ?

Découvrez également ici la présentation des différents outils (blogs, wikis, réseaux sociaux, outils de veille, etc.) à la disposition des bibliothécaires pour la mise en place de leurs stratégies de diffusion, de dissémination et de médiation numériques ; les besoins auxquels ces outils peuvent répondre ; les services qu’ils peuvent rendre à nos publics ; les bonnes pratiques et usages courants de ces outils.

Le goût de l’histoire

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What will American history taste like?

A l’occasion de sa prochaine expo “What’s Cooking, Uncle Sam?”, le NARA invite le chef cuisinier Jose Andres pour donner à goûter l’histoire américaine – au sens propre ! Un restaurant éphémère sera installé à proximité de l’exposition, mais le menu n’est pas encore disponible, hélas…

Pour celles et ceux qui n’auront pas l’heur de se rendre à Washington pour goûter aux délices de la cuisine historique américaine, il reste les papilles 2.0 :

Et puis surtout, il faudrait suggérer à nos Archives nationales d’inviter Cyril Lignac, ou d’accueillir la prochaine saison de Top Chef, ou d’organiser un concours de cuisine médiévale (mais là, je veux faire partie du jury !)…

Bref, donner un peu de sens à nos archives et plus largement à notre patrimoine…

Un beau matin sur Facebook, les bibliothèques…

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En à peine un mois, deux bibliothèques françaises lancent des services inédits sur Facebook, ça vaut bien un petit billet de blog, non ? De toute façon, même si vous n’êtes pas d’accord, c’est encore moi qui décide ici, donc…

facebook

CC BY-NC pshab, source : Flickr.

La BnF, tout d’abord, permet depuis le 15 février dernier d’exporter le lecteur de Gallica sur Facebook. Autrement dit, vous pouvez publier directement sur votre mur n’importe quel document numérisé présent sur Gallica, et vos amis pourront le consulter sans quitter Facebook, et avec les jolies flèches vertes de défilement typiques de Gallica (ça ne semble rien, mais c’est important les flèches vertes, d’abord parce que c’est joli et flashy et ça c’est déjà un argument en soi, mais aussi parce que c’est l’identité graphique de Gallica qui est ainsi rappelée, et encore parce que cela met visuellement et intuitivement en avant la fonctionnalité de défilement de pages qui fait tout l’intérêt de ce service, fin de la parenthèse la plus longue de l’histoire de la parenthèse).

Par exemple, prenons un exemple complètement au hasard…

poesies_gourmandesMais aussi pourquoi pas, dans un autre registre (on trouve de tout sur Gallica) :

archives_nationalesAutant que je sache, ce lecteur exportable de bibliothèque numérique sur Facebook est  une première mondiale !

Et voilà-t-y pas que pas plus tard qu’aujourd’hui la bibliothèque municipale d’Angers nous offre la consultation de son catalogue directement sur son mur Facebook !

D’autres s’y étaient essayé auparavant avec plus ou moins de succès, mais il s’agissait généralement soit d’un simple formulaire d’interrogation renvoyant ensuite pour l’affichage des réponses sur le site de la bibliothèque (et c’est déjà beaucoup, les Archives pourraient en prendre de la graine, tenez, ça tombe bien, aka Reup vous donne même le mode d’emploi…), soit d’une intégration assez moche du catalogue de la bibliothèque dans un frame Facebook.

Alors que sur la page de la BM d’Angers, le catalogue s’intègre parfaitement.

catalogue_bm_angerscatalogue_bm_angers2C’est plutôt réussi, hein ?

C’est arrivé à Lyon – Un voyage dans le temps

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horloge

Y aurait-il encore une rupture dans le continuum spatio-temporel ? CC-BY-NC, Pimoo, source : Flickr.

Que s’est-il passé à Lyon le 22 novembre 1588 ? Et le 22 novembre 1803 ? Et le 22 novembre 1924 ?

Si vous n’avez pas de machine à remonter le temps sous la main (ou si vous avez oublié de remplir le réservoir, ou si vous avez encore raté votre diplôme de voyageur spatio-temporel, il faut réviser, aussi, ça ne se trouve pas dans une pochette-surprise), allez donc consulter le site des Archives municipales de Lyon.

Une base de données de 8000 événements, de 61 avant J.-C. à 1944, nous promène chaque jour parmi les événements qui se sont déroulés à Lyon deux mille ans, 3 siècles, 80 ans auparavant.

Bouclez vos ceintures, et embarquez pour un voyage animé saisissant.

Tous différents ! Archives et musées face à la diffusion numérique

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Je me sens moins seule.

Je suis intervenue la semaine dernière dans un stage organisé par la direction générale des Patrimoines, et consacré à “Sites Internet des musées : nouveaux formats, nouveaux usages”. C’était en réalité davantage une sorte de séminaire où les différents intervenants et stagiaires ont pu très largement échanger sur leurs expériences de diffusion et de médiation culturelle et scientifique, tout particulièrement sur les réseaux sociaux.

Quel bonheur de pouvoir discuter avec des gens qui ne tremblent pas d’horreur quand on parle de modélisation 3D, de podcasts, d’interopérabilité (même si je pense en avoir perdu quelques uns quand j’ai commencé à parler de XML et de DTD, je ne sais pas toujours m’arrêter à temps, et encore je me suis mordu la langue plusieurs fois pour éviter de prononcer le mot “sérendipité”) !

Et puis il y avait la moitié de Twitter, dans cette salle…!

Café & croissants

Alors ça, c'est LE gros avantage de la sociabilité réelle sur la sociabilité virtuelle... CC-BY-NC-SA, vincen-t, source : Flickr.

Mais je sens que vous allez me demander ce que j’allais faire dans ce stage, moi l’archiviste perdue au milieu des médiateurs de musées… Certes il y avait du café et des viennoiseries, mais cela ne suffit pas (complètement) à expliquer ma présence.

On m’avait demandé de présenter les réalisations du réseau des services publics d’archives sur Internet, pour apporter un contrepoint, un élément de comparaison et de confrontation avec la situation des musées. Je me suis donc appliquée à montrer ce que nous faisons et que les autres ne font pas. Et surtout à me demander pourquoi. Exercice intéressant, qui revient à questionner des éléments et des situations que l’on tient pour acquis.
J’avais identifié trois pistes de réflexion :

  • le réseau des Archives de France : une grande couverture géographique, des actions concertées et interopérables. Permet le développement de bases de données communes et la participation aisée aux grands portails et méta-moteurs patrimoniaux.
  • la matière première : des archives abondantes, beaucoup de documents sériels très adaptés à la numérisation et à la mise en ligne. Permet la mise en ligne d’une masse impressionnante de documents, de nature très variée.
  • le public : tout particulièrement des généalogistes nombreux, spontanément très intéressés par nos fonds, et férus de technologies numériques. Permet une fréquentation massive des sites Internet d’archives, qui justifie les projets et investissements, et le développement d’outils et services spécifiques qui ne fonctionneraient pas sans le soutien de ce public (indexation collaborative en particulier).

Les débats et échanges qui ont émaillé les deux jours du stage m’ont permis d’identifier d’autres axes de réflexion sur la spécificité des archives sur le Web, que je n’avais jamais véritablement formulés jusqu’à ce jour :

  • les archivistes et conservateurs d’archives sont très sensibilisés aux questions de diffusion et tout particulièrement de diffusion numérique. Chefs d’établissement ou chefs de service, ce sont eux qui portent ces projets, dans leurs dimensions scientifique, communicationnelle et largement technique. Dans les musées, les services chargés de la valorisation des collections sont complètement séparés des services chargés de la conservation : les conservateurs sortent peu de leur mission scientifique, et la diffusion numérique se centre souvent sur l’événementiel et la communication (d’où un investissement des réseaux sociaux et une forte présence sur le Web mobile, par exemple), au détriment de la diffusion des collections (bases de données, images numérisées, etc.).
  • l’objectif même de la diffusion numérique n’est pas le même dans les musées et les archives. Les archives s’efforcent de développer la fréquentation de leurs sites Web en fournissant toujours davantage de ressources en ligne. Si les internautes se déplacent ensuite dans nos établissements (salles de lecture ou animations culturelles), tant mieux, mais ce n’est pas le but premier de la création de nos sites Web. En revanche, dans les musées, l’objectif est presque uniquement de faire venir les gens physiquement dans leurs bâtiments. Au point qu’ils refusent de nommer “visiteur” le visiteur virtuel. Au point qu’ils limitent souvent la mise en ligne d’images numérisées en trop grand nombre, de peur de perdre leur public physique. Cela les conduit à mettre en place des services innovants tout-à-fait intéressants, applications iPhone de visite, organisation de soirées Facebook, etc., mais cela limite grandement leur volonté de fournir une véritable médiation scientifique en ligne.

Voilà pourquoi archives et musées font différemment. Pas mieux ou moins bien. Nous utilisons tous la diffusion numérique pour toucher un public plus vaste, plus éloigné, pour communiquer sur nos établissements et sur nos collections, mais nous utilisons des outils différents.

Et c’est peut-être en formulant ces différences, et donc les limites -jusque là inconscientes- que nous nous imposons, que nous parviendrons à les dépasser et à développer nos compétences sur d’autres usages et services du Web.

Web 2.0 et archives : savoir perdre le contrôle

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Web 2.0

Méditons un instant sur cette vérité profonde. Ommmmm.... CC-BY-NC-ND Daniel F. Pigatto, source : Flickr.

Voici une présentation fort intéressante de Jane Stevenson (qui fait partie de l’équipe du portail d’archives britannique Archives Hub) sur l’utilisation du Web 2.0 par les services d’archives, « The impact of Web 2.0 on archives« .

Bon, je n’aime pas trop l’expression Web 2.0, trop marketing et faussement geek, je lui préfère « Web participatif », qui est plus intuitivement compréhensible. Mais à part ça, rien à redire à cette excellente présentation, qui ne cache rien des enjeux et risques de ces technologies et usages, tout en parvenant à diffuser un enthousiasme contagieux (d’aucuns diront que j’étais déjà contaminée… certes, j’avoue).

Je trouve particulièrement intéressante la partie intitulée « Letting go« , qui répond aux inquiétudes de la plupart des archivistes (oui, les archivistes sont des control freaks, il faut l’assumer pour avoir une chance d’en guérir…).  Pour tirer tout le bénéfice du Web participatif et des apports des usagers (aide à la description des documents, ajouts d’archives personnelles, commentaires et échanges, etc.), il faut apprendre à perdre le contrôle (de façon raisonnable et encadrée, bien entendu), tant sur les contenus et descriptions réalisés par les internautes que sur les informations qu’ils peuvent échanger entre eux dans les espaces mis à leur disposition.

Les retombées en termes de fréquentation, de valeur ajoutée, d’échanges, de réputation valent largement le coup.

Alors, apprenons à laisser aller, à laisser faire, à laisser filer. Nous avons plus à y gagner qu’à y perdre.

N’en déplaise à Monsieur Ory-Lavollée…

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« Faire des sites Web avec de grosses bases de données, ce n’est pas le même métier que de gérer des archives. Les institutions sont en général plus douées pour la conservation et l’analyse scientifique que pour la diffusion, la présentation simple et pédagogique, l’ergonomie, la communication… »

(Bruno Ory-Lavollée dans le dernier numéro de la Revue française de généalogie)

Ah bon ?

Certains ont été bien plus rapides que moi à réagir à ce que l’on a pu voir comme une atteinte à nos principes professionnels (les fameux « 4C » des archivistes).

Sans même aller jusqu’à se poser la question des missions fondamentales de l’archiviste, il me semble que Monsieur Ory-Lavollée aurait pu, par simple honnêteté intellectuelle ou même juste par curiosité, aller regarder quelques sites Internet de services d’archives avant de s’exprimer de façon aussi péremptoire.

Ce qu’il y aurait trouvé aurait largement suffi à lui prouver la compétence des archivistes dans le domaine de la diffusion numérique.

Rien que les chiffres donnent le tournis…

  • 1,4 milliard de pages vues et 24 millions de visites en 2009 sur les sites Internet de ces services d’archives (ça ferait rêver plus d’une société privée, non ?).

… et ce n’est rien à côté des réalisations…

  • développement d’interfaces de consultation user-friendly

Les sites Internet des Archives départementales de l’Aisne, de l’Hérault ou encore des Ardennes (sélection purement subjective et bien trop limitée, j’en conviens) présentent un graphisme élégant et attractif, et une ergonomie de navigation aisée. Il sont juste super beaux, voilà tout.

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Consulter les registres en ligne du Bas-Rhin, un vrai plaisir ! (Archives départementales du Bas-Rhin)

Les Archives départementales du Bas-Rhin proposent une interface d’accès aux archives en ligne complètement inédite, d’une simplicité et d’un plaisir de consultation remarquables.

Quant à l’adaptation des interfaces de recherche dans les fonds d’archives aux usages du public, le projet des Archives départementales de l’Aube, retenu dans l’appel à projets culturels numériques innovants du ministère de la Culture, est à ce titre exemplaire.

  • expositions virtuelles

De très nombreux départements en proposent, j’aime bien celles des Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle, nombreuses et variées, s’il faut choisir un exemple.

  • indexation collaborative

10 services d’Archives départementales proposent des modules d’indexation, qui sont très généralement plébiscités par le public. Le dernier en date et mon préféré pour la simplicité d’interrogation et de consultation des données indexées : les Archives départementales du Cantal.

A ce jour à ma connaissance, seules les Archives municipales de Toulouse sont concernées, mais il y a d’autres projets en cours de réalisation.

  • tutoriels interactifs

Voir absolument le cours de paléographie multimédia des Archives départementales d’Indre-et-Loire.

  • serious games
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Échapperez-vous aux terribles Archiphages ? (Archives départementales de l'Aube)

De Copains de Banlieue (Archives municipales de Saint-Denis) au Mystère de la Cordelière (Archives départementales de l’Aube), les Archives ont largement fait leurs preuves dans le domaine du jeu en ligne.

  • présence sur le Web social

3 services d’Archives départementales ont une page Facebook.

5 Archives départementales, 2 Archives municipales et les Archives de France proposent des flux rss pour leurs actualités.

Sans parler de l’intéressant Blog du paléographe des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, ni de la convention de la Ville de Toulouse avec Wikimédia qui concerne en particulier les Archives municipales (et dont il a déjà été question ici).

  • participation à des portails collaboratifs destinés à diffuser gratuitement et au plus grand nombre les données culturelles

Qu’il s’agisse de portails régionaux (BnSA, GéoCulture en Limousin, etc.), nationaux (Collections), européens (Européana, APEnet).

Les Archives sont particulièrement dynamiques dans le développement de l’interopérabilité documentaire, grâce à la généralisation d’un format numérique normalisé de description archivistique, XML-EAD, et à l’usage de plus en plus courant du protocole d’échange de métadonnées OAI-PMH.

  • expérimentations en Web sémantique

Les Archives de France ont ainsi publié en XML-SKOS le Thésaurus pour la description et l’indexation des archives locales anciennes, modernes et contemporaines.

Alors, n’en déplaise à Monsieur Ory-Lavollée, les services d’archives et les archivistes sont bel et bien doués pour la diffusion numérique de leurs fonds, il suffit de juger sur pièces.

Ce qui n’exclut évidemment pas que des réalisations intéressantes puissent être faites par le secteur privé, d’ailleurs la très grande majorité des projets cités dans ce billet ont fait l’objet de prestations de sociétés privées, qui ont apporté leurs compétences techniques, graphiques, ergonomiques, etc. Mais les archivistes en étaient les prescripteurs, apportant leur connaissance des fonds d’archives et de leurs publics, ainsi qu’une compétence technique de plus en plus développée.

Il était inutile d’accuser les archivistes d’avoir la rage pour mieux les tuer. Les faits parlent d’eux-même, les archivistes prouvent ce dont ils sont capables.

chien

Nous sommes innocents, Monsieur Ory-Lavollée ! (CC-BY Death-rebirth-freedom, 2010, source : Flickr)

[Mise à jour 26/10/2010] L’Association des archivistes français a publié le 13 octobre 2010 un droit de réponse particulièrement argumenté à M. Ory-Lavollée.

Quand les institutions culturelles découvrent Wikimédia et les wikimédiens…

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L’association Wikimédia France a signé samedi dernier 2 octobre 2010 une convention de partenariat avec la ville de Toulouse, qui concerne plus particulièrement le muséum d’histoire naturelle (ce qui n’étonnera personne), mais aussi les Archives municipales.

Ce projet, l’une des premières collaborations officielles en France entre Wikimédia et des institutions culturelles, attire l’attention du milieu culturel  sur les expériences qui peuvent être ainsi réalisées, et sur les atouts que représentent les projets Wikimédia et la communauté des wikimédiens pour la numérisation et la diffusion du patrimoine.

Toulouse, la ville rose

Ça tourne bien rond dans la ville rose. T-bet, 2008, CC-BY-ND, source: Flickr.

Wikimédia ? C’est quoi ?

“Attention, Archives masala, tu as fait une faute de frappe, c’est WikiPédia, pas WikiMédia.”

Ben oui mais non.
Wikimédia France, association loi de 1901 créée en 2004, soutient les projets de la Wikimedia Foundation, dont fait partie Wikipédia, mais pas que. Il y a aussi la médiathèque Wikimédia Commons, le dictionnaire Wiktionnaire, le recueil de citations Wikiquote, la bibliothèque numérique Wikisource, etc.

Wiki

Je lit le hawaïen dans le texte, c'est la classe. Andjam79, 2007, CC-BY, source : Flickr.

Pour ceux qui se seraient égarés dans une faille spatio-temporelle pendant les 10 dernières années, Wikipédia est une encyclopédie collaborative sur le Web, fonctionnant sur le principe du wiki. Un wiki (mot hawaïen qui signifie “rapide”) est un système de gestion de contenu de site Web rendant les pages modifiables par tous. Le contenu de Wikipedia est donc vérifiable, modifiable et améliorable par tout un chacun (est-ce que ça suscite des vocations ?), et librement réutilisable. Cette semaine, le millionnième article en français a été créé. Ça le fait, non ?

Bref, revenons à nos moutons, et à Wikimédia pendant qu’on y est. Outre des activités de promotion et de communication, l’association est chargée de monter des partenariats avec des organismes ou institutions administratives ou culturelles qui peuvent fournir des contenus libres aux projets Wikimedia. Elle peut également aider à la numérisation de contenus.

wikimedia

C'est la danse des wikis.

La culture, c’est GLAM !

Autrement dit, “Galleries, Libraries, Archives, Museums”. Wikimedia s’efforce donc de développer des collaborations avec des institutions culturelles. Ces organismes conservent en effet des fonds et collections très riches, souvent libres de droits, qui peuvent enrichir le contenu de Wikipédia et être ainsi mis à disposition de tous les internautes.

Glamour, on vous le dit !

glamour

Glamour kills... et le rose bonbon aussi, un peu. (Naydeeyah, 2009, CC-BY, source : Flickr)

Un atelier Wikimedia@MW2010 s’est ainsi tenu lors de la conférence Museums & the Web 2010, pour réfléchir à l’établissement de bonnes pratiques de coopération entre Wikimédia et les musées.
Des conférences GLAM-Wiki s’efforcent de renforcer la participation du monde culturel aux projets Wikimédia, à l’échelle d’un pays : la première a eu lieu en 2009 en Australie, et la suivante se tiendra très prochainement au Royaume-Uni (26-27 novembre 2010).
Et en France, me direz-vous, chauvins que vous êtes ? Eh bien rendez-vous les 3 et 4 décembre 2010 pour les Rencontres Wikimédia organisées par Wikimédia France, sur le thème «Patrimoine culturel et web collaboratif». Que du bon en perspective…

Bon, et concrètement, ça donne quoi ?

Plusieurs expérimentations réalisées par des services d’archives, des bibliothèques, des musées explorent les possibilités de coopération avec les différents projets Wikimédia. Retour sur quelques exemples européens.

  • Le précurseur : les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv) sur Wikimedia Commons
bundesarchiv

Petit wiki deviendra grand. (Deutsches Bundesarchiv, Bild 183 1984-0202-506, CC-BY-SA, source : Wikimédia Commons)

La médiathèque Wikimedia Commons est un répertoire d’images et de fichiers multimédia libres d’utilisation, qui sert de réservoir pour l’ensemble des autres projets Wikimédia.
Depuis 2008, le Bundesarchiv a transféré sur Wikimédia Commons pas moins de 80.000 images sur l’histoire de l’Allemagne, placées sous licence Creative Commons. Il s’agit vraisemblablement du don le plus important jamais fait aux projets Wikimedia. Ces images sont ensuite réutilisées notamment pour illustrer les notices de Wikipédia.
Le Bundesarchiv promeut ainsi son image et ses fonds auprès des millions d’utilisateurs de Wikipédia.

  • Une expérience inédite du British museum : un wikipédien en résidence

Dans la concertation entre institutions culturelles et Wikimédia, le plus gros du travail semble être précisément la sensibilisation de ces institutions aux enjeux de la mise en ligne de leurs contenus sur Wikipédia.
A la suite de la conférence GLAM-Wiki australienne en 2009, le vice-président de Wikimédia Australie a conclu que le meilleur moyen de mettre en œuvre ce travail de sensibilisation pourrait bien être d’intégrer un wikipédien à l’équipe d’un musée.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisqu’il a été invité en résidence pendant 5 semaines par le British muséum en juin 2010. Bien joué !
Sa mission, puisqu’il l’a acceptée, était de créer et améliorer les articles sur Wikipédia concernant des objets ou des sujets liés aux collections et à l’expertise du musée, de soutenir les wikipédiens qui éditent des articles liés au British Museum, et de travailler avec les équipes du musée pour expliquer le fonctionnement de Wikipédia.
Des projets et animations originaux ont ainsi vu le jour, qui ont largement contribué à développer le nombre et la qualité des articles relatifs aux objets conservés au British museum : accès des wikipédiens aux réserves du musée, organisation d’un concours de notices autour d’un objet-phare, attribution de prix aux meilleures notices, etc.

Ledit wikipédien propose ici un « testament politique » de son expérience, à la fois bilan de ses réalisations et préconisations pour tout organisme qui voudrait renouveler l’exercice. Des candidats ?

  • Les bibliothèques s’y mettent ! La BnF mise sur le participatif

En avril 2010, Wikimédia France et la BnF signent un partenariat pour la mise en ligne sur Wikisource de la transcription de 1400 œuvres tombées dans le domaine public provenant de Gallica.
Wikisource, créé en 2003, propose des retranscriptions d’œuvres tombées dans le domaine public ou publiées sous licence libre.
Les textes fournis par la BnF ont été numérisés et océrisés. Toutefois, sur des textes anciens, la reconnaissance automatique des caractères introduit souvent des erreurs. Le partenariat avec Wikimédia permet aux internautes de participer à la correction des textes.

  • Et Toulouse dans tout ça ?

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Parure de l'âge du bronze. C'est coquet ! Muséum de Toulouse, CC-BY-SA, source : Wikimédia Commons.

Le 2 octobre 2010, Wikimédia France a signé un partenariat avec la ville de Toulouse, dans le cadre du festival culturel Novela.  Il s’agit de fournir un cadre officiel au développement de nombreux projets avec des institutions culturelles toulousaines.
Ainsi, des wikimédiens vont photographier un millier d’objets de la collection préhistorique dans les réserves du Museum de Toulouse, encadrés par un professionnel du musée. Ces images seront mises en ligne sur Wikimedia Commons. Les métadonnées seront rédigées par des paléontologues.
De même, les Archives municipales de Toulouse proposeront sur Wikimedia Commons environ 200 photographies issues du fonds Eugène Trutat, photographe de la fin du XIXe siècle.

Pour en savoir plus.

[mise à jour 06/10/2010] Liam Wyatt, le « wikipédien en résidence » du British Museum, est au mois d’octobre 2010 invité pour 2 semaines à la Bibliothèque nationale des Pays-Bas pour proposer des pistes de coopération entre le portail culturel européen Européana et Wikimédia. A suivre… 

[mise à jour 18/11/2010] Les Archives nationales des Pays-bas ont également établi un partenariat avec Wikimédia : plus de 1000 photographies de l’agence de presse Anefo, portant sur des personnalités politiques et des événements néerlandais, ont été déposées sur Wikimédia Commons en septembre 2010.

 

Des événements patrimoniaux virtuels sur Twitter – Episode 1.

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Ask a curator sur Twitter

#harceleunconservateur

Aujourd’hui 1er septembre 2010 est le « Ask a Curator Day » sur Twitter. Pourquoi ne pas profiter de cette belle occasion pour revenir sur ces événements patrimoniaux dont Twitter est le creuset ?

Twitter, lieu de partage et d’échange, n’apparaît pas nécessairement comme le lieu idéal pour l’organisation d’événements virtuels. Fondé sur l’immédiateté et le temps réel, il ne semble pas particulièrement adapté à la planification et à la projection dans l’avenir. Rendre compte en direct d’événements physiques par un live-tweet endiablé, certes, mais prévoir des mois à l’avance un événement virtuel ?
Et pourtant…
Depuis quelques mois, initiés par la twittosphère muséologique, les événements ne manquent pas sur Twitter, qu’ils soient ou non liés à un événement physique.

Au commencement était #followamuseum

L’idée de l’opération est née de l’esprit créatif de Jim Richardson, muséoblogueur britannique :

« On the 20th January 2010 Microsoft founder Bill Gates joined Twitter, in the 24 hours that followed he attracted 236,000 followers.
With respect to Mr Gates, this got me a little depressed, most museums on Twitter struggle to attract more then 500 followers.
I started to think about how we can draw attention to the museums on Twitter, and get more people to consider following a museum. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. La date du 1er février 2010 est choisie pour ce « Follow a museum Day ». Un site Internet spécifique est développé par la société de graphisme Sumo de Jim Richardson, un profil Twitter @followamuseum est créé, et le hashtag #followamuseum commence à se répandre. Le concept est simple : le jour J, chacun est invité à signaler sur Twitter son musée-préféré-qu’il-préfère-au-monde-parmi-tous-les-autres-musées-qui-existent-mais-un-musée-qui-est-sur-Twitter-hein-sinon-ça-compte-pas.

Follow a museum Day

J'aime les musées, gazouiller gaiement, et le mascara noir.

Malgré un gros retentissement international, l’opération n’a pas eu beaucoup de répondant en France où, début 2010, rares étaient les musées présents sur Twitter, et plus rares encore les visiteurs de musées… Mais tout le monde a regardé l’événement avec intérêt (et envie ?). Les esprits se préparaient pour l’avenir.

La Nuit twitte, et soudain les musées français découvrent  Twitter

A l’initiative de 4 musées français (Muséum et musée des Abattoirs de Toulouse, Château de Versailles et musée des Beaux-Arts de Lyon) et de la coordination de La Nuit des musées, en association avec le ministère de la Culture et en partenariat officiel avec Twitter, la Nuit des Musées s’est accompagnée ce 15 mai 2010 d’un événement inédit, « La Nuit twitte ».
Il s’agissait, le temps d’une soirée, pour les musées et leurs visiteurs, de déposer sur Twitter leurs conseils de visite, leurs programmes, leurs impressions, avec le hashtag #NDMTW. Un compte @lanuitdesmusees a été créé pour coordonner l’ensemble.
L’événement physique, la Nuit des musées, se pare ainsi d’un double virtuel, la Nuit Twitte. Le lien entre manifestation physique et manifestation virtuelle est renforcé par la présence dans chacun des musées participants d’écrans où les visiteurs peuvent suivre en direct le hashtag #NDMTW ; des postes informatiques sont également mis à leur disposition pour les encourager à participer à La Nuit twitte.

La Nuit twitte

And the winner is...

Cette opération nationale, liée à un événement physique auquel la plupart des musées participent chaque année, ouvre les yeux de nombreux musées sur l’intérêt que peut représenter Twitter pour leur communication et l’animation de leur communauté d’usagers. C’est pour beaucoup d’entre eux l’occasion d’entrer enfin sur Twitter. Plus de 30 musées participent ainsi à l’opération.
Le succès est énorme. Les chiffres sont explicites :

  • 800 abonnés au profil @lanuittwitte
  • 2300 utilisations du hashtag #NDMTW
  • #NDMTW est en tête du classement des sujets les plus abordés sur le Twitter francophone

A lire : le récit de l’expérience du musée national de la Marine ainsi qu’une analyse plus globale de l’apport de cette opération pour les musées  sur le blog Museonet 2.0.

A suivre…

Bientôt sur Archives masala : « Des événements patrimoniaux virtuels sur Twitter – Episode 2 » :

  • Où l’on demandera plein de choses plus ou moins intéressantes aux conservateurs…
  • Où l’on se demandera ce que peuvent bien fabriquer les Archives pendant ce temps-là…